Si un arbre tombe seul dans la forêt entre deux autres arbres sans personne pour l’entendre, est-ce que ça fait un sandwich?
Mais d’abord…
La semaine dernière pendant que nous on se reposait
La brigade a dû relever un défi inspiré par quand tu rentres au La Baie et que tu es assailli·e par un mal de tête et 25 médames qui se tiennent debout devant leur comptoir pour te sprayer un nuage d’échantillon de parfum à 125$ la bouteille et tenter de te vendre un kit complet de gel bain douche corps crème visage main ploune avec un étui gratuit avec tout achat de beaucoup trop de sent-bon.

L’assiette d’Émilie avait comme thématique «quand y’a pu grand-chose dans le frigo pour le lunch alors tu donnes un restant de riz blanc tiède et sept bouchées de chops de porc passées au micro-ondes à ton enfant».

Et Élyse a prétendu pouvoir kicker le cul de tout le monde avec son tofu général Tao, et si l’émission n’en fait pas un épisode spécial pour qu’on voit ça, va falloir lancer un grand mouvement provincial de protestation pis une pétition sur Change point org pour faire bouger les choses au Québec.
Astheure qu’on est reposé·es, Les Chefs, nous pouvons continuer
L’émission commence sur un rip-off de Time de Pink Floyd et s’ouvre sur Émilie qui se dit prête à «tout donner» et on ne voudrait pas rien spoiler, mais comme pour Roch Voisine en 1989, la vie va tout y reprendre ben vite, checkez ben ça aller.
Cette semaine, les aspirants-chefs devront préparer «un des plats les plus cuisinés au monde». Et on parle bien sûr du…
ENFIN! Un épisode de Kraft Dinner gastronomique, avec petites soucisses maison sous-vide, espuma orange et un croustillant de céleri-rave.
— Mathieu et Caro
… sandwich!
Ah.
— Caro et Mathieu
À travers le monde, dans toutes les cultures, mettre du stock entre deux tranches de Gadoua Campagnolo pain commanditaire est un classique. Que ce soit le sandwich au baloney dans la région de Bavière ou le sandwich aux tomates avec de la mayo du sud de l’Italie, le pain est un véritable canevas sur lequel les plus grands chefs ont peint des tableaux de dîner à mettre dans un petit sac Ziploc mal fermé collé contre un ice pack déjà tiède dans un lunch d’école.

Aujourd’hui, les concurrents devront visiter la Grèce et son gyro, le Mexique avec ses tacobourittofajitas, et le Japon, connu pour ses onigirazu, qui sont des sandwichs seulement si tu y penses pas trop longtemps.
Le sandwich mexicain devra être fait avec du porc et le japonais avec du thon; les candidat·es devront cuisiner leur propre pita pour le gyro (la pâtàpita ou παταπίτα, comme on le dit en grec, est fournie), il doit y avoir du yogourt dans au moins un des plats, mais sinon, vraiment on veut voir leur créativité et sentez-vous bien libres libres libres, à part que les sandwichs doivent faire maximum 5 centimètres d’épais et contenir un nombre pairs d’ingrédients, vraiment super libres, oh pis oubliez pas que la couleur jaune est interdite, mais on veut voir VOTRE personnalité entre deux tranches de pain.
En partant, deux concurrents gaspillent la première demi-heure à débattre de si un hot-dog c’est un sandwich.
Ronan débute par faire du jus d’annannasse, avant de mettre le porc et le jus dans un siphon. Élyse s’inquiète qu’il est en train de faire un AVC, ou un espuma de porc cru, mais Isabelle la rassure : c’est une technique pour faire pénétrer plus rapidement la marinade. C’est aussi une technique pour donner beaucoup trop de job au plongeur qui aura à torcher ledit siphon porcin.
David monopolise la coriandre à lui tout seul, afin, on imagine, de préparer son fameux sandwich au goût de savon.
Quand vient le temps de présenter leur menu, les aspirants-chefs font tous·tes les trois mêmes maudites affaires, soit… *checkent leurs notes* un gyros, un taco pis un onigirazu. Les juges cachent mal leur déception et n’arrêtent pas de mentionner que ce sont des menus classiques pis que c’est donc ben plate que ce soit classique, comme un prof de philo de cégep surpris que tous·tes ses étudiant·es reprennent mot à mot sa question de marde sur l’asti d’allégorie de la caverne de Platon.
Raphaël se distingue non pas par son menu, mais par sa prononciation de l’espagnol et du japonais, signe qu’il passe pas mal de temps sur Duolingo. Il va donc nous servir un taco avec «une môwlée» ainsi que, pour le Japon, un «kakkimonday».
Quelqu’un prononce le mot «tacos al pastor» et Isabelle se peut pu. Faut savoir que notre jugesse va, de son propre aveu, au Mexique yienque pour manger des tacos al pastor, regarder des luchadors masqués avec des tites tites bobettes en lycra fluo et pogner un coup de soleil au deuxième degré la craque pleine de sable.
Créative, Élodie semble se laisser porter par l’inspiration du moment (meaning : elle a aucune criss d’idée de comment elle va finir ses recettes) et promet une «surprise» aux juges.

Pour Colombe la pro la mentore la maîtresse à penser notre gourou du pain tranché, le défi ce soir est de «compartimenter chaque sandwich». Pouvons-nous lui présenter le concept de bento? Ou l’inviter à une soirée Tupperware organisée par la cousine de Caroline?
Tu ris, tu ris, mais depuis que j’ai mes Intellifrais, je peux garder mes céleris deux fois plus longtemps au frigo avant de les crisser au compost!
— Caroline, cousine et cliente satisfaite

Le monde qui ont faim
C’est un peu la faim… du monde
Pour mettre fin à la faim
Enfin et pas en vain
Moé je veux
Que tu fasses un voeu
Fais un wish
Fais un sand… wich
Proscuitto et poire entre deux pains
Un peu d’espoir entre tes mains
Goûte coûte que coûte
Du bonheur sur la route
Du bonheur dans la croûte
Que tu mettes miette par miette
Du love dans ton assiette
— Slamwish, un slam de Gabriel
Émilie fait cramer un chaudron sur le rond. En triant ce qui est encore bon de ce qui est à garnotter au compost, elle déclare : «C’est pas fini tant que c’est pas fini». Spoiler pour tantôt : ce sera pas fini non plus quand ça va être fini.
Élodie a un moment de panique quand elle découvre qu’après 15 minutes à dissocier, elle est en train de faire un spaghetti au jus de tomates pis ça a pas rapport pantoute. Elle pleure un peu, crie un peu, panique un peu, jusqu’à ce que Colombe arrive des coulisses et la gifle pour lui faire reprendre ses esprits.
De son côté, après son porc au unemowlé, son onigirazuotatakidetonéchitakékakkimonday et son gireauettadiziki, Raphaël nous présente un glorieux pain sandwich nippon, pareil comme dans la région du SagLac au nord d’Hokkaido.
Oh, un gadōa alma sando!
— Caroline et sa maîtrise impeccable du japonais culinaire

Pour rester dans la thématique culturelle, David s’adonne à l’origami d’algues, et s’il ne gagne pas ce défi avec sa technique, il pourra se recycler dans la fabrication de cygnes en serviette de bain dans un resort pour bourgeois blancs.
Du fond de la cuisine, une voix s’exclame «Let’s go guys, les gars, les filles, tout le monde!» dans un souci d’inclusivité et d’encouragement épicène, de quoi donner un ulcère buccal purulent à l’ayatollah de la langue de Radio-Canada et du matériel pour remplir tout le cahier «Idées» du Devoir d’en fin de semaine.
Tout s’aveulit!
— Maurice Druon, qui pogne Tou.tv sur le wifi du cimetière
On s’est gratté l’œil parce qu’il y avait une tite graine dedans pis on a regardé la tite graine sur notre doigt pour savoir si c’était un grain de sable ou un poil de chat ou un cil pis c’était ni l’un ni l’autre ni l’autre juste probablement une crotte de coin d’œil pis là comment ça il reste 2 minutes pis personne a fini de monter ses assiettes?

David, héros contemporain des temps modernes de nos jours, propose son aide au tiers de la brigade en pitchant des tomates pis des oignons un peu partout comme s’il nourrissait des chèvres dans une miniferme de centre d’achats. Pendant qu’Élyse, sa Face de et sa Voix paniquent les trois ensemble en faisant le décompte, Gabriel énonce qu’il est «moins un sur l’horloge de l’apocalippe», et on se figure qu’une apocalippe, c’est comme une apocalypse mais que tu fais la baboune, genre?
La marque à battre pour Émilie étant l’assiette de mère monoparentale épuisée qu’elle a servie la semaine dernière, elle pourrait mettre un grilled cheese de fromage orange même pas coupé en diagonale (la meilleure coupe), pis ce serait une amélioration. Elle n’y arrive quand même pas, et on a hâte (d’une façon triste) de voir la beauty shot d’une planche vide. Parce que oui, tous ces beaux sandewicheus sont servis sur des planches de bois avec du faux papier journal, pareil comme les pizzas fines au Pacini ou les burgers des Trois Brasseurs. C’est là qu’on voit que c’est un sandwich gastronomique!
PLOGUE SANS VERGOGNE
Là, ce qui va arriver, c’est que ce texte va passer directement du «C’est terminé!» d’Élyse au Colombarium, sans passer ni par Go, ni par la jugementation pis le duel. Le bout de texte qui manque est réservé aux abonnements payants de notre Substack.
On t’explique ici comment ça fonctionne, et tout ce que tu vas recevoir pour tes 5 piasses (ou plus, ou moins). Ne pas en profiter, c’est comme vivre dans une baboune de Pasquale jusqu’à la fin des temps.
Au Colombarium (bientôt dans Le Petit Robert!)
Colombe cuisine son sandwich préféré : le pain bagnat. Il s’agit d’une spécialité niçoise, aussi connue sous le nom de «tout ce que t’as dans le frigo, plus la moitié de ta pantry, dans un gros pain».
La recette est simple : entre deux tranches, vous mettez de l’ail, des tomates, de l’huile d’olive, des poivrons, des oignons verts, du sel, des sardines, pas de mayonnaise, des olives (avec le noyau pour le lol), des radis, des œufs, des artichauts, du thon, encore de l’huile d’olive, des anchois salés, une Mazda 3 usagée, la discographie de Dan Bigras, de la viande de mammouth laineux, six cartes à jouer d’un paquet neuf, le feeling quand tu penses qu’y’a une marche de plus mais y’en a pas faque tu piles dans le vide, des Skittles le sac mauve aux baies, de la laitue iceberg mais que l’iceberg est fondu, le sourire d’un enfant, des câpres, une émission interactive Videoway, une carte-cadeau Zellers et un peu de sel et de poivre.
Et tant qu’à être si bien partis, pourquoi ne pas y ajouter un proverbe?

La semaine prochaine : on court avec des assiettes chaudes, ça sent le pouésson et le décorateur du studio vire su’l crinque avec trop de budget chez Latulippe.
Pis nous? Ben nous on prend ça chill, probablement en lisant dans le hamac au son de nos voisins qui s’engueulent. On fait relâche une semaine sur deux, comme une garde partagée des épisodes. On se revoit donc lundi dans deux semaines, le 22 mai, mets une alerte sur ton cell, bloque ton agenda pis envoie chier ton boss s’il te demande de travailler ce jour-là!