En novembre dernier, Tim Hortons a lancé «une nouvelle gamme de boissons à base d’espresso préparées à la main, plus riches et corsées». On ne sait pas trop pourquoi ce sont des «boissons à base de» et pas simplement des espresso, quitte à ce que les trois quarts de la clientèle prononce «expresso», mais force est d’admettre que ça confère une petite aura de fancé au Tim. Ça donne l’impression qu’on va nettoyer les toilettes deux fois plus souvent et que le commis au service à l’auto réussira enfin à ne pas se fourrer dans notre commande. On était prêts à mettre notre plus beau col roulé noir et à embarquer dans notre fusée SpaceX pour aller déguster, qui un beignet, qui une roue de Tesla (pas de roue de tracteur pour nous, franchement, on n’est pas des paysans), au manoir de Tim de la Hortons.
Puis, deux semaines plus tard, Timho, cohérent comme un beigne Boston fourré à la viande hachée, s’est dit «FUCK LE FANCY!» et a lancé une collection de Timbits en collaboration avec Justin Bieber.
IIs sont… à l’effigie de? À saveur de?
– Caroline, qui espère vraiment la première option
Collaborer avec Tim Hortons a toujours été un de mes rêves.
– Vraie citation de Justin Bieber, selon un communiqué de presse qui le fait passer pour un pas pire loser
C’est comme ça qu’aujourd’hui, on est pris pour goûter les moignons de beigne à Justin, truculeusement baptisés les…
TIM BIEBS
* Toutes les plaintes concernant ce jeu de mots d’encore plus mauvaise qualité que ce qu’on aurait été capables d’inventer peuvent être adressées au département marketing du Tim : twelvemonkeyswithatypewriter@timhortons.ca
Quelque part dans les 30 dernières années, le Canada anglais a décidé que c’était trop de trouble d’avoir une identité. À la place, ils ont une chaîne de restos à beignes nommée d’après un joueur de hockey dans le genre correct où ils achètent du café dans le genre pas cher. Ça fait la job. Mais mettons que si le Québec se mettait à tripper sur les Chocolats Favoris avec David Savard comme porte-parole à la même intensité que les Canadiens trippent sur le Tim, on songerait à aller s’installer ailleurs. Le plus loin possible.
Oui, nous avons dû googler «joueur québécois Sainte-Flanelle 2021» pour pouvoir compléter cette blague. Nous n’avons pas honte de le dire.
– Mathieu C. et Caroline D.
Quant à Justin Bieber, il s’agit sans conteste du meilleur musicien canadien depuis Anne Murray. On n’a pas vraiment vérifié, pis ça ne nous tente pas non plus. Mais comme Drake devait charger trop cher, c’est Justin Bieber qui se ramasse à vendre des beignes.
Justin qui rencontre Tim, c’est donc une rencontre au sommet (des Rocheuses) pour deux institutions canadiennes. Un événement comme on en voit qu’une ou deux fois par siècle, capable de rallier les Canadiens d’un océan à l’autre pis à l’autre au-dessus, comme l’ont fait le couronnement de la reine pis Tessa et Scott patinant sur la toune de Moulin Rouge. Une occasion à saisir pour unifier le pays comme jamais auparavant, Justin Trudeau, Erin O’Toole et Jagmeet Singh mordant tous ensemble dans le même Timbit, sous l’oeil attendri d’une police montée qui prend une pause de tabasser des Autochtones qui bloquent un pipeline pour bien savourer le moment.
Hein? De quoi on parle? Je suivais vraiment pas.
– Le Québec
PRÉPARATION
Ces trois nouvelles saveurs sont «créées avec Justin Bieber». On peut donc s’imaginer Justin avec une veste de laboratoire et un filet dans les cheveux, travaillant main dans la main avec l’équipe de recherche et développement de Tim Hortons, dans un bunker secret et souterrain, au cœur de l’Ontario profond, genre à Hearst.
Pendant des heures, ceux-ci on tenté de trouver quel beigne méritait le sceau d’excellence qui caractérise tout ce que touche Bieber, que ce soit de chanter en Arabie Saoudite pour aider un régime répressif à bien paraître, d’adopter un singe capucin pas encore sevré pis d’omettre de payer les frais de vétérinaire en Allemagne après l’y avoir abandonné ou de sortir une chanson qui dit que la fille est pas mal «yummy-yum».
Oui tu as ce menoum-menoum
Ce menoum-menoum, ce menoum-menoum
Oui tu as ce menoum-menoum
Ce menoum-menoum, ce menoum-menoum
T’as juste à le dire pis je m’en viens dans ma vroum-vroum
– Le parolier de Justin Bieber, 12 ans
Après des heures de dur labeur, repoussant le sommeil à grand coup de ti-cafés, les ouvriers du beignets sont émergés du bunker avec trois saveurs complètement inédites à présenter au monde :
Chocolat et fudge blanc. [Rumeurs et émoi dans la foule]
Crème sure et pépites de chocolat. [Des femmes s’évanouissent de stupeur]
Gaufre au gâteau d’anniversaire. [Un homme s’immole, incapable de dealer avec autant de nouveauté jamais vue]
Oups. Avons-nous dit «trois saveurs complètement inédites»? On voulait en fait dire «trois vieilles saveurs, mais trempées dans une schmu sucrée qui goûte vaguement une autre saveur».
Hé oui. Avec les Tim Biebs, Tim fait comme un proprio qui achète un triplex, donne une couche de peinture et prétend que c’est un tout nouvel appartement qui mérite qu’on lui pitche l’équivalent du PIB d’un petit pays chaque mois. On ne serait pas surpris d’apprendre bientôt qu’une douzaine de beignes monoparentaux vivant sous le seuil de la pauvreté ont été expulsés en plein hiver pour ça.
Mais même si les Biebs sont du banal recyclage, il semble que Tin et Justim ont travaillé vraiment fort, parce qu’une fois rendus à la campagne de promo, ils étaient complètement vidés d’idées. C’est pourquoi on a droit à Justin qui se cache un oeil avec un Timbits.
L’autre oeil avec un Timbits.
Ou les deux yeux avec des Timbits.
Rendus là, on se demande quasiment si on était supposés les manger ou les faire mettre dans une monture de chez New Look.
PAUSE PUBLICITAIRE GLACÉE AU MIEL
Devenir un.e mécène de Vas-tu finir ton assiette avec Patreon, c’est comme un déroule le rebord mais oùsse que tu gagnes à tous les coups!
Qui veut un Dodge Ram, une tévé 60 pouces ou des canisses de café pas bon quand tu peux avoir…
- Une infolettre mensuelle culturelle, bourrées de recommandations de lecture/cinéma/musique/articles de fond qui est comme un Party Mix pour ton cerveau?
- Une infolettre t’avertissant à l’avance qu’on a écrit un nouveau texte hilarant, de quoi te garder éveillé.e au volant si tu conduis la nuit?
- Un groupe Facebook secret VIP, où tu auras accès à des primeurs et des discussions intellectuelles, comme «Glacé au miel ou à l’ancienne : perspectives critiques et sociologiques d’une dualité sucrée»?
Tu te dis «mouin mouin mouin, alléchant mais chus pas sûr.e»? Tu peux juste nous offrir l’équivalent d’un café sur Buy me a coffee ou via notre PayPal et on te promet qu’on ira pas flober ton don dans un double double au service à l’auto!
FIN DE LA PAUSE PUBLICITAIRE EN ROUE DE TRACTEUR ET RETOUR AUX TROUS (DE BEIGNE)
Comme on l’a dit, les Tim Biebs, ce sont des Timbits ordinaires, mais trempés dans une schmu. Une trempette de schmu de Bieber est-elle suffisante pour vraiment altérer le goût d’un trou de beigne? Pas vraiment.
Celui au chocolat et fudge blanc goûte donc à 95% le Timbit au chocolat, à 4% peut-être le fudge et 1% vaguement le blanc.
Celui prétendument à la gaufre au gâteau d’anniversaire goûte le gâteau d’anniversaire à la Tim, c’est-à-dire un triste rappel que c’est notre fête et que la mort, inévitable, approche toujours de plus en plus.
Pis what the bébé phoque secouru par Brigitte Bardot que c’est ça, une gaufre au gâteau? Un beigne… à la gaufre… au gâteau. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Mettez le Timbits dans de la pâte à chou, et faites un chou au beigne à la gaufre au gâteau. Ou, pourquoi pas, une tarte au chou au beigne à la gaufre au gâteau! Trempé dans la schmu de Justin, bien sûr.
Quant à celui crème sure et pépites de chocolat, vous crérez pas ça, mais il goûte surtout le beigne à la crème sure.
BEN VOYONS DONC!
– Le lecteur, sous le choc
Yé, is it trop tard là to say sorry?
Cause I’m selling more que yienque mes Timbiebs
Is it too late là pour dire scusez?
Yeah I know que j’t’ai laissé tomber
Y’é-tu trop tard pour dire sorré b’bé?
– Justin, qui tente de s’excuser pour le pas-de-saveur
VAS-TU FINIR TA BOÎTE DE 10, 20 ou 50 TIMBIEBS?
Oui. Ça goûte le Timbits, alors c’est pas dégueu. Pis comme il y a à peu près autant de Tim Hortons au Canada que de phrases de Justin Trudeau qui ne tiennent pas debout, on n’a pas eu à aller ben loin pour en trouver.
Ça reste quand même décevant parce qu’on s’était fait promettre une véritable expérience. On devait, le temps d’une bouchée (ou deux, si vous êtes du genre à déguster le Timbit comme si c’était du Toqué!), goûter le Bieber. Savourer le Bieber. Sentir le Bieber caresser nos papilles. Et pis… bof.
Malgré tout, on encourage Tim à reproduire l’expérience avec d’autres artistes canadiens. On rêve d’un Nickelbeigne, d’une boîte de Tragically Bits, d’un Alanis Moroussette, d’un Crème Boston Tea Party, d’un Bryan Adoigt de dams, d’un Oscar Petdesoeur. On voudrait vraiment se commander six Sarah McLachlalancienne pis un café Nelly Furtadeuxlaitdeuxsucres pour participer au Barenaked Ladéroulelerebordpourgagner. L’été, on aimerait déguster un Diana Krallatté glacé à l’Avril Lavanillefrançaise qui nous donnerait un Rush de sucre.
J’prends mes pêches au Maxi (oh, yé, Matte)
J’prends mon pot à la SQDC (c’est legit)
J’ai amené ma blonde dans l’Nord (Pointe-aux-Trembles, ish)
J’prends ma lumière directe ‘à source, yé (yé, c’est Hydro)
– Justin Biepetitpotdeber
→ Pour être informé chaque fois qu’un nouveau texte débarque ici, inscrivez-vous à notre infolettre. C’est aussi gratuit et délicieux qu’une défunte dégustation de soucisses au Costco. ←
Vas-tu finir ton assiette? 