Mangeons (comme) les riches!

Pas facile, être riche, ces jours-ci. Même la bourse est rendue un endroit stressant, où tu ne sais jamais quand est-ce qu’un estifi de troll millennial va débarquer pour t’empêcher de parier sur le malheur des gens.

Paraît que sur Wrebbit (c’est le Reddit québécois), ça achète des actions de la station d’essence Gazotrou, à Amqui, qui loue encore des VHS. Si vous voulez faire la piasse, c’est le temps.
– Mathieu, le Pierre-Yves McSween des pauvres

Ça n’empêche pas de rêver. On voudrait tous être riches comme Crésus. Crésus Zuckerberg. Le frère de l’autre, qui a acheté des parts dans TheFacebook au tout début, avant que le gars de *NSYNC le fasse changer de nom.

Le magazine L’actualité vient de sortir son numéro annuel «Comment vieillir riche», et si Vas-tu finir ton assiette a un seul conseil financier à vous donner, c’est bien de ne pas prendre de conseil financier d’un journaliste pigiste payé le même tarif depuis la présidence de Bill Clinton. Si les journalistes savaient comment faire la piasse, ils ne seraient plus journalistes depuis longtemps.

Non, pour devenir riche, il faut plutôt suivre les conseils de gens qui connaissent ça, comme François Lambert et Olivier Primeau. Depuis qu’on suit des trucs pour faire des épiceries à 35 piasses (c’est 7 textes copiés-collés! Y’a rien là!), non seulement on ne mange plus qu’un seul repas par deux jours, ce qui est excellent pour notre ligne, mais en plus on nage dans le cash imaginaire causé par les hallucinations de faim.

Et quand on veut se donner l’illusion de manger comme les riches, on sort une cuillère propre, on met une nappe sur la caisse en bois qui nous sert de table de salon/table de cuisine/bureau de travail et on passe 5,99 $ + taxes sur 4 pots de 120 g de lait caillé.

Tassez-vous, les pôvres, parce que c’te s’maine on se gâte comme si la guillotine avait jamais été inventée en goûtant…

ÉDITION LIMITÉE VERSAILLES MAISON RIVIERA YOGOURT

Le couvercle est en or. Si tu le roules serré, tu peux te faire une bague de fiançailles avec.

Ces yogourts sont tellement fancy qu’ils viennent dans de petits pots en verre. Ça occupe ton majordome de les rincer et de les ranger dans le haut d’une armoire en se disant «faudrait pas jeter ça, ça va ben servir un jour!». L’emballage nous promet même un «raffinement européen European refinement» à 9% de matière grasse. On n’avait pas vu plus raffiné depuis la fois qu’on a prononcé le «ne» en faisant une négation.

Moi, je mets toujours les «ne» dans une négation. Par exemple, mes blagues de nains NE sont pas déplacées, je NE suis qu’une victime de la censure éditoriale, je NE fais pas ça pour l’attention médiatique.
– Pas Maxime-Olivier Moutier

En fait, on n’avait pas vu plus raffiné depuis qu’on a binge regardé (watché en rafale?) la série Bridgerton sur Netflix, et aussi binge pesé sur pause, et binge reculé des scènes pour mieux binge «comprendre l’intrigue».

J’ai mal suivi, Mathieu, c’est qui le Duke déjà? Pourquoi est-il fesses nues? Recule, j’ai pas compris l’intrigue. Recule encore. Pause. J’comprends toujours pas.
– Caroline, soudainement très confuse

Il faut se prévoir de petits entractes pour se faire aller l’éventail sur la fourche et y faire baisser la température une fois de temps en temps, mais c’est ben bon.

Puisqu’il n’y a rien de trop beau pour la classe ouvrière, comme on dit, nous nous gâtons avec non pas une saveur, mais bien un doublé de savouration. Au yâble la moitié de notre budget épicerie hebdomadaire, ce soir, on vit comme Marie-Antoinette (quand sa tête était encore attachée après son corps).

Qu’ils mangent des chaussons Pillsbury!
– Mariette-Antoine, la cousine moins connue de l’autre

Le premier service sera donc un «Bouquet mangue cardamome», parce que les saveurs, quand t’es dans le 1%, ça vient en bouquet, et le deuxième sera un «Bouquet pamplemousse romarin». On remarque que le concept des yogourts Versailles, c’est de combiner un fruit avec une herbe que tu vois dans la recette et que tu sais que tu vas en acheter un paquet frais à 3$, en prendre deux feuilles et demie et oublier le reste dans le tiroir du haut. Ainsi va la vie et la misère des gens riches et célèbres.

On a mis la balance du budget sur une manucure à Versailles. La Place, pas le château.

PRÉPARATION

Les fruits de ce yogourt sont du type «au fond». Quand on vous dit que les riches ont de gros salaires parce qu’ils travaillent fort, c’est de ça dont on parle. Pendant que Réjean, dans l’entrepôt d’Amazon, mange son yogourt de paresseux déjà toute brassé pendant son unique 15 minutes de pause-pipidansunebouteille-dîner-deuxième-pause-pasletempsdechier-c’est-déjà-fini, Jeff, lui, il brasse lui-même son gogourt, au risque de se faire une tendinite ou un yogurt elbow.

Ben… en principe. Parce que c’est clair qu’il a un employé qui est là juste pour ça, pis il est payé à même les profits du cossin que t’étais trop paresseux pour aller chercher dans un vrai magasin, prétextant la pandémie pour justifier de pas te lever de ton divan.

Un yogourt pas brassé. Ça va être quoi après ça? On va nous vendre une pinte de lait pis nous dire de la faire cailler nous-même?

Moi je trace à ligne à cruiser un farmer de L’amour est dans le pré pour son champ de patates.
Caroline, qui ne mange désormais plus de frites

PRÉSENTATION SUGGÉRÉE

À Versailles, on fait comme les Versaillanais.

Première étape : se construire une cristie de grosse cabane avec des enluminures partout, poser des miroirs tout le long du couloir comme ça tu as toujours moyen de checker si tu as du persil pogné dins dents, te faire pousser un jardin de la taille du Luxembourg, et te servir de la place d’abord juste comme chalet, parce que tu ne sais jamais quand tu vas vouloir traîner 5000 de tes chums à la chasse.

N’oublie pas d’éviter de bâtir assez de toilettes pour tout le monde, ils pisseront dans les coins!
– Caroline avec une robe très ample

Ensuite, c’est bien important de te mettre de la petite poudrette plein le visage, de porter une perruque avec des boudins et des pantalons rayés bouffants. Tu vas avoir l’air fou, mais ça va placer l’attention ailleurs que sur ton odeur corporelle extrêmement douteuse.

Je me suis dessiné une mouche sur la joue pour distraire de celles qui me volent autour.
Mathieu, soigné

Finalement, il faut remplacer ton nom de famille par un chiffre. On sait pas trop pourquoi, mais la royauté, ca trippe pas à s’appeler Henri Tremblay ou Victoria Gingras.

Done.
Caroline Première

C’est fait.
– Mathieu 27352, qui n’oubliera plus jamais son NIP

Une fois que tout ça est réglé, l’idée c’est de manger ton yogourt avant que la révolution pogne pis qu’on essaie de te faire une coupe de cheveux extrême que même Vidal Sassoon ne pourra pas récupérer.

DÉGUSTATION

À six piasses le quatuor de pots, tu vas pas aller manger ça distraitement en faisant le ménage de ton Outlook comme si c’était un criss de Yoplait.

Il n’y a qu’une seule façon de déguster un produit d’une telle fancytude. Il faut y aller langoureusement. Apprécier chaque pourcentage de gras. Le sentir glisser sur notre langue et tailler son chemin jusqu’à nos artères. Il faut savourer le fruit qui, du au fond, a été mélangé jusque dans le tout partout. Il faut que chaque moment passé en compagnie de ce yaourt soit comme la première fois où on a vu l’être aimé les foufounes à l’air. Il faut faire comme dans Bridgerton pis transformer une cuillère en un objet encore plus érotique et surprenant qu’un dildo de 18 pouces qui traîne en fond de ton Zoom de job.

C’est donc ce que l’on fit. Croise tes jambes, pars le fan, ferme la porte.

PAUSE PUBLICITAIRE «REPRENONS NOS ESPRITS»

On ne connaît pas de meilleure façon de disposer de tout ton revenu discrétionnaire tout en te remettant de tes émotions que de devenir notre mécène.

En devenant patronne ou patron des arts littéraires, tu bénéficies d’un traitement de faveur carrément royal :

  • La réception d’une infolettre mensuelle spéciale qui fait paraître Lady Whistledown et Voltaire ensemble pour des torchons
  • Un avertissement 24 h à l’avance de la parution d’un nouveau texte, que tu pourras lire en sirotant ton champagne matinal
  • La satisfaction de contribuer à l’avancement social, financier et alimentaire de deux artistes

Si tu décides de devenir un Médicis de pandémie, nous te remercions d’une petite courbette en étirant les bouts de notre robe et en croisant les pattes.

VAS-TU FINIR LA TÊTE SUR LE BILLOT?

Riviera fait peut-être le pire parmesan qu’on a goûté de toute notre sainte vie (la critique de ce morceau de plastique friable au goût d’on-sait-pas-quoi-mais-c’est-pas-du-parmesan-certain, ce sera peut-être pour un autre texte, ou pas), mais les yogourts sont vraiment pas pires.

Avec la saveur mangue et cardamome, on s’est dit que c’était le plus proche qu’on se trouverait d’un voyage à Hawaï pour un boutte, autant financièrement que pandémiquement parlant. Faque on a fini les trois autres pots en écoutant la trame sonore de Moana, après avoir monté le chauffage de 2 degrés parce que YOLO.

What can I say except you’re welcome?
Maison Riviera

On n’a pas vraiment réussi à trouver le romarin dans le bouquet pamplemousse romarin, mais c’est correct. Pour être bien honnête, on feelait pas tant que ça pour un yogourt qui rappelle le poulet rôti. Du pamplemousse, on a apprécié l’amertume. Une amertume pas mal plus agréable que d’apprendre que les 10 plus riches milliardaires ont gagné 540 milliards de plus depuis le début de la pandémie, que des 50 plus sociopathes (on trouve les synonymes qu’on peut à «ultrariches») de la planète, seulement 3 ont perdu de l’argent depuis un an, et que tout ce beau monde là pourrait régler à peu près tous les problèmes de la planète mais qu’ils ne le font pas pour aucune astie de vraie raison et que ça devient chaque jour de plus en plus évident que ce qu’on aimerait avoir au fond de notre prochain yogourt, c’est du riche.

Eat the rich, je veux ben, mais si Elon Musk pèse 200 livres, ça veut dire qu’il coûte 900 millions de dollars la livre. Si j’ai pas les moyens de manger du veau, imagine manger du troll psychopathe que son père était déjà riche, évidemment, mais que tout le monde en parle quand même comme s’il était parti de rien.
Mathieu

Le blanc, c’est la portion de la richesse mondiale qui appartient aux ultrariches. Le brun, c’est la partie qui appartient aux riches. Toi pis nous, on aura peut-être la chance d’essayer de manger ce qui restent en gossant avec notre doigt dans le pot quand les milliardaires vont avoir fini de licher le tour.

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