Des fois, tu trippes sur un show de télé. Tu fais des blagues là-dessus pendant trois ans. Y’a même une chouette gang qui vient avoir du plaisir avec toi virtuellement, tous les lundis, tu te ramasses avec un pas pire following de gens qui embarquent dans tes niaiseries pis t’as le feeling de vivre de quoi de le fonne, de rassembleur.
Pis là, la vie tient à te rappeler que la tévé, c’est du léché fabriqué clean avec du potté pour masquer les craques où ça fend.
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On a lu les allégations nous aussi. Et qu’est-ce que vous voulez qu’on vous dise? On est fâchés, en crisse, écoeurés. Évidemment. Mais comment on dit ça?
On fait des jokes comme d’habitude? On en a, mais elles goûtent amère en maudit.
Toucher sans le consentement, c’est comme le sous-vide : c’est vraiment pas nécessaire.
– CarolineLe porc, ça va dans l’assiette. Pas dans la cuisine.
– Mathieu
Va-tu falloir qu’on fasse un atelier pour que tout le monde comprenne?
Que pendant que les aspirants hommes trinquent, on leur rappelle que l’abus d’alcool n’est jamais une excuse pour un comportement de marde?
Qu’avant d’aller jouer dans la pantry de kekun, faut que tu t’assures que ce kekun-là a envie de se faire jouer dans la pantry et le dit vraiment clairement avec enthousiasme? OUI CHEF ça me tente à souère! OUI CHEF j’aime ça quand tu me fais ça!
Que la meilleure façon de mettre de l’assaisonnement dans une relation, c’est de respecter son partenaire all the way?
Qu’avant de manipuler une table de produits, ça prend l’accord du commanditaire?
On vous demanderait de tout arrêter. Les attouchements non consentis, ça se termine… MAINTENANT.
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On peut aussi y aller sérieux. Ce sera pas moins amer, on vous avertit.
Être une femme (cis ou trans) en cuisine, c’est déjà pas facile. Chaque jour, c’est comme si t’étais en duel avec plein de brodudes qui veulent t’expliquer comment faire ta job. La meilleure façon de devenir cheffe, c’est de partir ton propre resto, parce que tu dépasses pas souvent le poste de sous-chef. Parce que tsé, les brodudes, entre deux jokes de graines pis une cuisson sur le coffre, ça aime pas tant que ça suivre les indications d’une femme. Pis on te parle même pas d’essayer de fonder une famille tout en travaillant dans un resto. Y’a rien qui dit plus «conciliation travail-famille» que de devoir cuire six cailles en sarcophage entre deux séances de tire-lait.
Faque déjà que les femmes se font chier (at large dans la vie et dans la cuisine), elles ont pas besoin en plus de subir des comportements de prédateurs. D’avoir peur pour leur intégrité physique quand elles vont travailler. D’avoir la chienne de faire le close avec un collègue qui n’a toujours pas compris que «non», ça voulait pas dire «come on, insiste au moins 427 fois de plus pis je vais céder». D’accepter qu’on parle de leur corps comme on parlerait d’un quart cuisse ou poitrine pour ne pas être «la bitch qui casse le party».
Si t’es pas capable de garder ton saucisson dans ton pétalon, GET OUT OF THE KITCHEN.
Vas-tu finir par catcher?
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Si tu as besoin de parler à quelqu’un d’une situation d’abus ou d’agression dont tu as été victime par le passé, ou dont tu es présentement victime, voici des ressources gratuites :
Juripop : https://bit.ly/2ADS4AZ
RQCALACS : http://www.rqcalacs.qc.ca/
