Les Chefs 2019, épisode 1 – Je vais à Londres, je voudrais faire du fish and chips

Chaque printemps, comme le saumon qui fraie vers sa rivière natale, Mathieu et Caroline retournent aux sources en pondant un caviar de blagounettes des Chefs, avant de finir roulés trop serrés dans des sushis d’épicerie de la veille.

 

Cette année, on s’est longuement demandé si Radio-Canada, en annonçant que la nouvelle saison commencerait un 1er avril, nous jouait le poisson d’avril le plus long, le plus élaboré et le plus décevant depuis l’élection majoritaire de la CAQ.

On a donc pris une chance, on s’est assis devant notre tévé en espérant qu’Élyse dise que…

L’INTRO

L’épisode s’ouvre sur notre cher Dan, qui s’est dit « fuck le Pacte » et a roulé lui-même en Hummer 2 aux quatre coins de la province pour annoncer aux aspirants chefs qu’ils aspirent désormais, parce que Dieu sait qu’il n’y a rien de plus surprenant que de voir Daniel Vézina débarquer subtilement dans ta cour avec deux caméramans, un perchiste, un directeur photo, un chef régisseur, un dix-huit roues d’équipement pis quatre follow spots.

– Il reste 45 minutes de route.
– C’est beau, Dan.
– Il reste 35 minutes de route.
– OK, arrête, Dan.
– Il reste 5 minutes de route avant de faire un arrêt au McDo. Commencez à vous préparer à aller faire pipi.
– TA YEULE, DAN !
(Entendu dans la van des Chefs)

Ce moment touchant donne aussi lieu au câlin télévisuel le plus awkward des dernières années, alors que Dan surprend Sandra, nouvellement maman, entre ce qui semblerait être deux brassées de lavage, trois régurgits et une mastite.

«Ben non, vous me dérangez pas. J’étais occupée à faire une dépression post-partum.»

La dernière candidate apprendra cependant la nouvelle par Skype, juste parce qu’elle vit dans un trou.

Comme le veut la tradition, ce premier épisode sera entrecoupé de petites présentations des aspirants chefs, histoire qu’on s’attache vite à des candidats qui crisseront bientôt leur camp.

1) Alex écoutait des émissions de cuisine quand il était petit, plutôt que des dessins animés. On devine que dans la cour d’école, il jouait aussi avec des topinambours, plutôt qu’avec des amis. (Ceci explique cela.)

2) Maud préfère les plats frais cuisinés avec soin à la bouffe de cantine. Toute une rebelle.

3) Mark dit jouer de la fouite. Ça semble être une sorte de choucroute musicale très populaire en Allemagne, qui tire son nom du bruit qu’elle fait.

4) Le plus beau souvenir d’enfance de Nikola, c’est de passer des journées entières assis à terre chez sa nagymama avec les doigts qui sentent le chou. #générationpasseparchou

5) Julien est devenu chef après s’être cassé le coccyx au patinage artistique. Personne n’a envie de rire, tout le Québec s’est mentalement tenu le derrière en s’écriant «ayoye, pareil, han».

6) Patrick est allé cuisiner à Whistler et Tofino, mais trouvait que Toronto c’était une place de caves.

7) Et sept autres concurrents dont la vie est si ordinaire que même un montage avec de la musique touchante et des photos d’enfance n’a pas réussi à rendre ça intéressant.

Un petit montage présente aussi les juges, que l’on connaît tous : juge qui croise les bras, juge qui tourne la tête vers la caméra et juge qui se met les main sur les hanches.

-Salut Mathieu!
-Salut Caroline!
-Bonsoir les chefs!
-Bonsoir Élyse!

LE DÉFI

On ouvre la saison avec un plat qui met en vedette l’une des saveurs de base de la cuisine occidentale : le goût de gros gras (contrairement au MSG, la moyenne saveur de gras).

Alors qu’on demande aux aspirants chefs de cuisiner un «plat emblématique de la culture britannique», on craint pendant un moment que notre evil trio demande de gastronomiser la toast aux binnes aux tomates. (Yes, it’s a thing.) Fiou! Ils devront faire des fish and chips, pêcher leur propre fish mais étonnamment, ne pas aller chercher leurs propres Miss Vickie’s au Couche-Tard en face du studio.

«Fudge, moi qui espérais avoir le défi de la caille en sarcophage, là, je vais rusher…»

Le gagnant aura la chance de s’envoler vers l’Angleterre pour goûter la gastronomie anglaise, ce qui est, et de loin, le poisson d’avril le plus méchant qu’on ait vu cette année.

De gros aquariums donnent au studio des airs d’entrée de buffet chinois. Pas de gros poissons rouges ici, par contre, mais plutôt de la truite arc-en-ciel et de l’omble de fontaine, que les concurrents devront aller pêcher eux-mêmes en faisant croire qu’ils différencient les deux.

« Pardonnez-moi mon chef, car j’ai pêché. »
– L’aspirant-chef qui n’a jamais vraiment su la différence entre un accent aigu et un accent circonflexe

« On court pas dans la cuisine, parce qu’il va y avoir de l’eau par terre et que c’est glissant », rappelle Pôpa Daniel, qui s’est pogné un deuxième emploi de lifeguard pour arrondir les fins de mois pendant la morte saison. Juste au cas où, le réalisateur a quand même la toune de Benny Hill en stand by.

Pendant que nos concurrents s’humilient à la tévé avec l’absence évidente de skills du pêcheur, on se marre bien à la table des juges.

Trois spectateurs sur quatre rient des aspirants chefs. Le quatrième est sûrement parent avec Pasquale.

Les aspirants chefs qui ont réussi à capturer leur proie doivent maintenant mettre à mort le pouésson. L’étouffer avec un linge à vaisselle, le noyer dans l’aquarium, le dépecer vivant en espérant qu’il meure au bout de son sang sur la planche à découper sans trop souffrir, lui lire les tweets de Maxime Bernier : les techniques sont variées.

L’un tente même d’assommer sa bête sur le plancher de béton du studio.

Ça va être la portion de Pasquale, ça.

L’une des concurrentes, qui a regardé beaucoup trop de films de samuraïs, lui plante un couteau en pleine tête sans même broncher.

Hara-daïquiri!
-La concurrente

Élyse, elle, trouve tout cela pas mal rushant sur le regardage.

La Face d’Élyse teste le look «pirate dégoutée».

Face d’Élyse, cligne une fois de l’oeil droit si tu as hâte que ça soit feuni.

Le plus dur après la pêche et le meurtre, c’est l’épilation à la pince. Chaque truite doit avoir deux sourcils épilés égaux, pis juge Jean-Luc va sortir la règle pour vérifier.

On vient de comprendre comment Maxim arrive à avoir le coco aussi lisse.

Les poissons sont cueillis, tués, épilés, désossés, écorchés vifs et filetés, on peut enfin se mettre à la patafrire. Il reste genre 18 minutes et 22 secondes sur l’horloge atomique de Daniel.

Les concurrents ont de la difficulté à faire une bonne patafrire, ce qui surprend beaucoup Dany Boy Vézina. Comment se fait-il que des chefs de haut calibre ne passent pas leurs journées à frire tout ce qui leur tombe sous la main? Mystère et espuma.

Il reste quelque chose comme 12 secondes et quart et DJ Dan The Vez sort sa calculatrice.

«Y’a 8 friteuses et vous êtes 13», annonce D to the A to the N d’un ton découragé, se rendant compte qu’aucun des aspirants chefs n’a fait ses maths fortes et que certains devront frire leur poisson à l’eau bouillante s’ils ne se grouillent pas la nageoire anale.

SORS TON BINGO

Premier épisode même pas rendu à la moitié pis on a déjà de l’espuma, du siphon, du paprika fumé, une joke de tartare pis un concurrent qui fait du sous-vide. Ce qui mène, forcément, à un juge qui se plaint que ça sert à «sweet fuck all» (et on cite) (de mémoire) (messemble).

On a beau dire que le monde change trop vite et que notre société perd ses repères, il y a quand même des exceptions.

Dans quelques milliards d’années, juste avant que la Terre ne soit avalée par le Soleil transformé en trou noir, on entendra un juge des Chefs déclarer « ça sert à rien ». « C’est vraiment une perte de temps », ajoutera l’autre juge. «Je suis content que l’humanité tire à sa fin, c’était inutile», renchérira le troisième juste avant de disparaître dans le néant.

RANGE TON BINGO, ÇA VA MAL

Invitée à présenter son plat tout en essayant de garder son calme alors qu’il reste 67 millisecondes au défi, Chloé explique qu’elle prépare « des pommes de terre style cantine, heu… coupées un peu n’importe comment ». On regarde dans le dictionnaire, juste pour vérifier et c’est bien ce qu’on pensait. La définition de « pommes de terre style cantine » va plutôt comme suit : « batch de vieilles frites congelées qu’on cuit dans une huile rendue un peu brune avec une mouche qui flotte dedans. »

– Hey, c’est n’importe quoi, votre texte.
– Non. C’est un texte style cantine.

C’est soir de première, et Pasquale a sorti le grand jeu : nouvelle chemise, nouvelle baboune. Y a pas à dire, Pasquale, il varie. (Pasquale Vari. Nous serons en rodage tout l’été au Vieux Clocher de Magog. Billets en vente maintenant.)

Maud a décidé de ne pas utiliser de friteuse et de plutôt verser un gallon d’huile dans un chaudron sur le rond, ce qui lui donne plus de chance de crisser le feu au studio que de gagner. Adepte du DIY et de la débrouillardise inutile, elle a aussi utilisé du ductape en guise de patafrire.

Le stress remonte à la surface, tout comme les poissons de grands fonds, les doigts d’Élyse et nos doux souvenirs d’Enfanforme.

Non, on n’a pas photoshoppé La Face d’Élyse sur une baboune de Pasquale.

Advienne que tempura!
– Pierre-Alexandre

Maxim, qui n’est pas un gros fan de la précision et des détails, annonce aux juges qu’il leur a préparé un « fish and chips de poisson ». On a déjà hâte de goûter son risotto de riz.

LES GAGNANTS ET LES PERDANTS

Un troisième concurrent se place troisième, si nos calculs sont bons. Comme le souligne l’un des juges, il n’a pas été assez bon pour être deuxième et encore moins premier. CQFD. (Ce qu’il fallait Daniel.)

Jules est surpris qu’on le nomme en deuxième place, tellement surpris qu’on le soupçonne d’avoir fait un powernap pensant que personne ne le filmait.

«Fuck, je voulais juste regarder le dedans de mes paupières 30 secondes!»

Mark et ses lunettes de portrait-robot d’un criminel des années 1970 remportent la première place. Comme le dit le proverbe : quand la vie te donne des citrons, fais-les griller et impressionne les juges.

Patrick et Maud vont au duel, mais… COUP DE THÉÂTRE DES VARIÉTÉS, c’est en fait un triple duel. Ils auront donc…

– Quatre minutes pour monder des tomates (incluant la minute qu’on prend pour googler « monder une tomate »)
– Deux minutes pour tourner un artichaut et lui faire faire « OUIIIIII! » comme s’il était dans un manège aux Galeries de la Capitale
– Et, finalement, deux minutes pour massacrer un poulet et se couper un doigt en rushant comme un débile.

Elle a échoué l’artichaut. L’artichaut est échoué. Elle a échoué la tâche de charcuter l’artichaut savoureux sans chichis.
– Juge Pasquale Charivari, faisant ses étirements de yeule avant d’entrer en ondes

VAS-TU FINIR TON DUEL?

L’un de vous devra quitter la brigade et émigrer à London, Ontario.
– Eliza Marquess

Maud devra faire comme le e à la fin de son nom et quitter.

Aurevoir, Maud! C’est peut-être mieux comme ça : on avait déjà passé toutes nos jokes de Suisse, à part peut-être le rouleau, dans notre texte de la semaine passée.

Quant à lui, le compliment « elle a une très belle énergie » remporte le prix du commentaire le plus générique de l’année, ainsi qu’une bourse de 1000$ à échanger contre une phrase de meilleure qualité chez Compliments Dépôt.

L’ATELIER DE DANIEL (LE DAN-TELIER?)

Ti Dan Dan fait bien sûr une joke de bière, mais étonnamment sans mentionner de commanditaire, nous laissant sur notre faim de plogue gratuite. Une fois que les aspirants chefs restants sont un peu gorlos, il en profite pour leur montrer comment il fait ça, lui, une patafrire su’l sens du monde.

«J’aime enrouler mes poissons d’algues, pour pas qu’ils se sentent trop dépaysés. Je les couche aussi dans un petit tapon de corail et proches d’un coffre aux trésors avec un scaphandrier qui fait des bulles.»

LA SEMAINE PROCHAINE

Après une semaine, les juges sont déjà tannés d’avoir à inventer des critiques personnalisées en 12 exemplaires et proposent donc un défi d’équipe. Ils feraient d’excellents profs au cégep.

En attendant que ça frite, Julien décide de faire une triple boucle piquée pour passer le temps. « ATTENTION À TON COCCYX », crie-t-on dans tous les salons du Québec.

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→Mathieu et Caroline sont à vendre! Engagez-les pour écrire des articles sur votre site web, des chroniques dans votre magazine ou des discours de funérailles funky.

2 réflexions sur “Les Chefs 2019, épisode 1 – Je vais à Londres, je voudrais faire du fish and chips

  1. Ouf ! Ça commence bien ( Je n’ai pas été déçu, vous avez bien relevé le  » Fish ‘n chip de poisson  » .
    Et vive Élyse, et les 3 juges tant qu’à faire ( Réno Dave ).

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