D’habitude, Caroline Décoste et Mathieu Charlebois goûtent pour vous à des produits d’épicerie. Ce printemps, ils écoutent plutôt la recette réchauffée pendant 90 secondes à 1100 watts des Chefs dans sa version 2018 (pas de chou, plus de sauce).
Êtes-vous tannés que la compétition se concentre sur des affaires qu’on connaît déjà, comme la mauvaise bouffe d’avion ou le mauvais jambon façon seventies? Nous aussi! C’est donc avec excitation et un bol de chips qu’on s’apprête à visionner le vraiment pire défi de la vie ever, dixit Daniel.

Y’a tellement de swag dans le body language d’Élyse qu’on se croirait dans un clip de Sean Paul en 2002.
Le défi
On l’a vu dans l’annonce pis on se demandait c’était qui, le moustachu invité qui fait shirer les aspirants-chefs dans leurs shorts. Élyse met fin à ce suspense intenable qui nous mettait sul gros shake depuis 7 dodos : il s’agit d’un certain Jean-Paul Grappe, un Français spécialiste des produits bien d’ici qui connaît mieux ça que nous (bref, un Français) avec un nom de famille à faire frétiller Antoine Robitaille et tous les amateurs d’aptonymes qui aiment ça nous en parler comme si c’était du crossfit.
Jean-Paul Grappe est un grand promoteur du garde-manger boréal, qui consiste, si on a bien compris, à ramasser tout ce qui traîne dans’ forêt sauf les crottes de lapin et à trouver un moyen d’en faire une assiette aux tons de bruns et de vert foncé à 32$ la bouchée.
Ce soir, chef Grappe vous propose une infusion de vesses de loup avec salade de toques et tataki d’écureuil.
– Menu de Chez Jean-Pierre
Faque on a décidé nous aussi d’inviter un invité de prestige cette semaine. Le seul problème, c’est que Stéphane Laporte s’est réinvité par lui-même. En fait, y’é jamais vraiment parti, il est resté caché chez Mathieu pendant un an, entre deux boîtes de Sugar Crisp.
J’me cachais dans le garde-robe boréal!
– Stéphane Laporte
Les aspirants-chefs devront cette semaine cuisiner deux lièvres entiers, dans un plat principal mettant en valeur ce léporidé et les produits de la forêt boréale. Laurent trépigne de joie, parce qu’il passe ses étés à cueillir ces produits, alors que sa famille l’abandonne dans la forêt pour qu’il se fasse élever par les loups.
C’est une meutadite de bonne idée, ça!
– Stéphane, en «grande» forme ce soir
À part Laurent, aucun concurrent ne sait vraiment quoi faire. Nous non plus d’ailleurs. On sait seulement que s’il faut faire cuire le lièvre très lentement, c’est une belle ironie.
Rien ne sert de faire frire, il faut le partir à point.
– Johnny De La Fontaine

Say whaaaaaat?
Tout aussi naturellement que s’il s’agissait d’un Kraft Dinner du mercredi soir, chef Grappe mentionne qu’il aimerait bien manger des rognons avec du thé du Labrador et des pousses d’épinette, un «bon mariage», genre meilleur que celui de Russell Crowe. Notre maigre expérience culinaire nous permet d’affirmer que le thé du Labrador, en infusion, se marie très bien avec le fond de l’évier.
Andrée-Anne propose une ballotine de lièvre sur lit de maïs en crème et on se demande où elle trouvera du blé d’Inde en crème sauvage.
Sur la rue Crémazie!
– Stéphane Laporte
Rémi-Chuck Cloutier-Norris, lui, aromatise son djièvre au Sapino. Voilà un lièvre qui ne sentira pas du d’sous de patte! Vraiment, le garde-manger boréal promet toutes sortes de saveurs qu’on n’a pas osé essayé à moins d’y être obligés.
Belle température. Comme je disais à mon chum Réal : «As-tu vu comme y fait beau, Réal?»
– Stéphane Laporte, à deux doigts d’avoir un chum de moins
Contrairement à ce que croyait Élyse, les pommes dauphines de Laurent ne sont pas les pommes héritières d’un roi ni des patates en forme de dauphin, mais bien des pétaques pilées avec de la pâte à chou. On vient de pogner de quoi, là.
Patatpilé et patachou. On a trouvé un concept d’émission de marionnettes.
– Mathieu, producteur télé

Jamais face n’aura été aussi contente d’apprendre ce que c’est que c’est des pommes dauphines.
La twist
Après la pause, on s’en va les lâcher lousse dans le bois avec juste un couteau suisse émoussé pis un rouleau de feuilles de fougères.
– Élyse, reine de la twist
Partez le disque de Chuby Checker, parce que c’est l’heure de la twist! Alors que le juge invité termine à peine sa troisième phrase de l’émission, la face d’Élyse entre en studio, la ratourosité dans le tapis et poussant un petit chariot, pour lancer son traditionnel «Je vous demanderais de tout arrêter, j’ai une annonce à vous faire».
Baaaaaoooon. Quoi encore, Élyse? Ils vont devoir décorer le sapin avant de l’apprêter? Y’a un champignon vénéneux sur la table des ingrédients mais on ne leur dit pas c’est lequel?
Continuant dans la même thématique ces-produits-que-vous-n’avez-jamais-cuisinés, les aspirants-chefs devront préparer une entrée de loup marin. En passant, groupe, du loup marin… C’EST DU PHOQUE.
Hoooon. On en connaît plusieurs qui pensaient essayer le loup marin cette semaine mais qui vont laisser faire. C’est bien trop cute pour être mangé, hein? Vous auriez préféré que ce soit du gros morse laid ou un espèce de poisson bâtard comme la lotte, de quoi qu’on peut manger en se disant que c’est pas grave, pareil comme quand tu écrases un enfant avec ton char, mais que c’est pas si grave parce qu’il avait les oreilles décollées.
Lotte jour, j’étais chez mon poissonnier, comprends-tu…
– Notre crapet invité

Ashley prend la relève de Pasquale pour les faces d’incrédulité et on pourrait aisément sous-titrer «Y risent-tu de nous câlisse?».
Rapidement, le juge Boulay nous révèle le secret pour un plat de loup marin réussi : il faut que ce ne soit pas trop cuit, mais aussi pas trop pas cuit. Ok. Cool.

Un seul regard intense du juge Boulay suffit à cuire à la perfection le loup marin.
Avant la pause, on constate que Paméla est déjà dans le trouble. Elle pensait effilocher son lagomorphe mais se retrouve avec juste des mottons amorphes. On est tristes pour elle, mais on est aussi content de croiser une viande qui ne s’effiloche pas, après 5 ans à voir du pulled pork partout.
J’ai déjà eu un chandail en laine de porc, mais il s’est tout effiloché.
– Stéphane strikes again

Ne prenant aucune chance, Ashley fait une American Psycho d’elle et découpe le loup marin à coup de machette en criant intérieurement DIE YOU FUCKING PHOQUE DIE.
Laurent, toujours aussi créatif grâce à ses étés passés par lui-même à se torcher avec du lichen au fin fond de la Minganie, décide de lancer une nouvelle trend pour remplacer le kale et nous fait un petit smoothie d’algues bleu-vert.
Kale rebondissement!
– Stéphane Chou Frisé

La face d’Élyse : une face, une Élyse, mille émotions.
Alors que les concurrents tentent de dresser leurs assiettes (assise! couchée! donne la patte!), le gars de la musique complètement sua crinque se sniffe une petite ligne de poudre, cale 6 Redbull et enligne à peu près 30 secondes de punchs d’orchestre épiques. La musique des Chefs est toujours un brin intense, mais cette semaine, c’était comme si la musique intense avait sa propre musique intense. Bref, donnez un break à votre monteur sonore, Les Chefs. On pense qu’il commence à être un peu tendu et on n’a pas envie de le retrouver en overdose derrière le lave-vaisselle.
Daniel crie par-dessus la musique style dernier acte d’un opéra de Wagner alors que tout le monde meurt, Élyse amorce le countdown et on jurerait qu’elle ralentit le 3, 2, 1 juste pour donner la mince chance à Paméla de mettre autre chose dans son assiette qu’une carotte molle pis un camaïeu de sauces toutes plusse brunes les unes que les autres. On vous vole le punch tussuite, ça marche pas, tout le monde se sent mal, tournée de kleenex sur le plateau et dans les chaumières.

Quelqu’un a commandé des carottes boréales et un mijoté de pas-de-lièvre?
Il y a de la variété linguistique au niveau du plat principal cette semaine. Alors que certains ont cuisiné les râbles du lièvre, d’autres ont plutôt apprêtés les rabbes, les rawbes ou même les rôbeu. À l’inverse, l’entrée de phoque est un véritable festival du tataki. On parlerait bien d’un Tataki Fest, mais on ne feele pas pour recevoir une mise en demeure du ComédiHA!.
C’est tataki ti-coeur après neuf heures?
– Stéphane Laporte
Sont arrivés respectivement en troisième, deuxième et première positions les tatakis d’Antoine, de Laurent et de Clément. Au niveau des perdants, les lièvres pas assez cuits de Rémi-Chuck, Paméla et Xavier se sont fait poser un lapin.
Du lièvre pas assez cuit, ça peut donner lapin-dicite!
– Stéphane, douloureusement encore là
Le duel
L’un de vous devra quitter la brigade, partir nu dans le Grand Nord et survivre en se grignotant un bras.
– Élyse MarquisFaites d’abord faisander votre bras dans des branches de sapin. Votre chair s’effilochera toute seule. Un vrai délice boréal!
– Le chef invité
Le duel : fileter, portionner et griller un bar rayé en 15 minutes, ce qu’on appelle «lever un bar» dans le jargon.
Lever un bar? Je fais ça en 3 minutes 26 secondes avec mon interprétation de Heartbreaker au karaoké.
– Caroline Benatar Décoste
En duel pour une deuxième semaine consécutive, Rémi décide que l’ennemi à abattre est le poisson et que le poisson ne gagnera pas. Le bar rayé mange toute une volée. Ce qui ne veut pas dire que Rémi n’est pas pour autant capable de finesse, comme lorsqu’arrive le moment d’enlever les arêtes avec un épluche-côrôttes.

On se demande s’il se trime les sourcils à l’économe.

Pasquale a arrêté de respirer et les seuls signes vitaux sont donnés par chef Grappe.
Pendant ce temps, Paméla ne comprend pas ce qui se passe et est stressée comme si elle pouvait entendre la musique de l’émission. Et c’est pas mal ça qui lui arrive pendant les 15 minutes du duel.
De mémoire de gens qui commentent le show depuis à peine deux saisons, on n’a jamais vécu un duel aussi rushant. On est 48 h après pis on a encore la veine du cou sortie.
En tout cas, Paméla, elle, elle n’a pas de veine!
– Stéphane, qui devrait achever bientôt lui aussi
Au final, Rémi a réussi à semi-poêler des lambeaux déchiquetés de poisson dignes du dedans d’un bâtonnet du Capitaine Highliner, alors que Paméla n’a même pas eu le temps de réchauffer une poêle où faire cuire ses filets parfaits. C’est kif-kif sur les paris de quisséquicrissesoncamp.
Kiffkiffait, Rémi, avec son poisson pas assez cuit?
– Stéphane, victime d’un parasite cérébrointestinal
Vas-tu finir ton duel?
Sans surprise mais avec beaucoup de peipeine, c’est Paméla qui prend la porte. Elle reçoit une bourse de 1 000 $, mais, fidèle à ses habitudes cette semaine, elle n’a pas le temps de la ramasser au complet et repart plutôt avec 800 $.
Rémi-Chuck, soulagé, lance que les duels, c’est assez. Encouragement personnel ou menace à l’endroit des juges? Sa face nous laisse penser que la réponse est b).

C’est clair qu’il va péter un bras à un aspirant-chef avec une passe de jiu-jitsu avant de retourner en duel.
La semaine prochaine…
La semaine prochaine, les aspirants-chefs doivent cuisiner pour 100 personnes, même s’il n’y a que trois juges, un coach et une animatrice. Un bon moment pour aller faire du déchétarisme dans le container à vidanges derrière les studios pour ton prochain potluck!
*Le fabuleusement douteux jeu de mots de Paméla n’est même pas de nous; il est de Marianne Phénix.
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