#13 — 45 % moins de gras que la soupe de gros mariage grec

Caroline Décoste Catherine Ethier et Mathieu Charlebois goûtent pour vous à toutes sortes de choses, afin de répondre à la question « Si tu manges ça, vas-tu finir ton assiette? »

McCain, qu’est-ce qu’on a fait à ma Caroline Décoste? Pas de panique, lecteurs, pas de panique. Caroline a décidé de faire un enfant, avant que la nourriture testée pour ce blogue ne la rende stérile. Elle est donc en congé de maternité, et l’arrivée de son poupon nous emplit d’une joie qui n’est égalée que par celle de l’arrivée du poupon royal de Kate et de l’autre (Anna McGarrigle?).

Pour la remplacer, le temps d’un texte, nous avons l’honneur de recevoir Catherine Ethier. Paire de lunettes avec un talent certain pour l’écriture, cette jeune femme se fait aller l’alphabet sur Urbania et En Vedette. Vous devriez lire ça.

Au menu, aujourd’hui :

LA SOUPE CAMPBELL’S NOCES À L’ITALIENNE

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Le jour de notre mariage est assurément le plus beau jour de notre vie, après celui où on a goûté un gâteau au fromage pour la première fois. On y vit des émotions intenses, on célèbre son amour et on ne sera plus jamais aussi bien habillé que ce jour-là. Jamais.

Mais c’est stressant, un mariage!

Quand on est invité, ça prend un grand chapeau, une petite enveloppe remplie d’argent et un(e) cavalier(ère) qui ne te fera pas trop honte.

Et pour les mariés, il y a la location de la salle, les faire-part, le plan de table qui n’assoit pas tante Nicole à côté de cousine Nancy… Si ton couple survit au prémariage, le mariage lui-même devient redondant : vous êtes déjà ensemble pour le meilleur et le pire.

Ce qu’il y a de fantastique avec la soupe Campbell’s « Noces à l’italienne », c’est que toute la fête se passe dans une canisse.

Tu es donc, peu importe le jour de la semaine, toujours à un coup de can opener de flamboyantes épousailles remplies de promesses avec Sophia Loren, sans avoir à donner des petits coups de cuillère sur ton verre à vin ou à t’habiller propre (c’est Sophia Loren, quand même).

Mais si tu te trompes de Mambo Italiano, tu risques de te ramasser avec Ginette Reno plutôt que Sophia Loren. Faut faire attention.
— Mathieu, cinéphile

PRÉPARATION ET PRÉSENTATION SUGGÉRÉE

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À l’ouverture, la canne offre un paysage bouillonesque aussi jaune que désertique. « Où est passée la noce? », se demande-t-on, comme Beau Dommage en 1978. Se pourrait-il que la mariée ait lancé « Amène pas ta gang? ».

Pour une noce italienne, ce ne serait pas plus logique de crier « Mais où est la musique? », comme Claude Barzotti?
— Catherine

On s’inquiète, on revérifie sur le faire-part (ok, c’est bien aujourd’hui) et on s’imagine la mariée assise au fond d’un autobus à côté de Dustin Hoffman, comme dans The Graduate.

En pleurs, on s’agrippe à la canne, on la brasse en criant « Nooon! Un tel amour ne peut pas mourir! », et c’est là qu’on se rend compte que tout le stuff promis sur l’emballage dormait tranquillement au fond de la canne.

Fiou.

soupe-3C’est qu’il ne s’agit pas là d’une vulgaire soupe vaguement Chunky. C’est un mariage; pas un party de sous-sol. On a du bouillon. De la finesse et des marques-places. Des pots-pourris sur chaque table. Et on est un peu émus, aussi.

Au-delà du visuel jaune, il y a LE BOUQUET (de la mariée, sans doute). Un bouquet à la fois discret, mais très présent, un peu comme le crayon contour des lèvres de Michèle Richard. En gros, ça sent la veuve sicilienne qui a un petit quelque chose avec les épinards.

Boules de viande. Boules de pâtes. Boule dans l’estomac pendant le silence avant que la mariée ne dise « oui ». Tant de petites boules.

Macaroni? Rigatoni? Trop compliqué. Kin. Tites-boulettes de pâte. Ça fait la job.
— La mamma italienne paresseuse, quand est venu le temps de créer la recette

La pâte semble molle, la viande semble beige et on planifie presque de crier « Moi! » quand le curé va demander si quelqu’un s’oppose au mariage. Mais qu’importe; une petite voix, sans doute celle de Claude Barzotti, nous murmure entre les saules de nous lancer (parce que la soupe va refroidir).

DÉGUSTATION

Mes amis, nous sommes réunis aujourd’hui pour unir le destin des moyennes boules de viande et des petites boules de pâte.

La première bouchée est étonnante; on dirait qu’on est tellement prêts à haïr ça que finalement, la cuillère nous tombe de ravissement. Puis, on prend la deuxième bouchée. Celle qui révèle les saveurs. Qui positionne les arômes. Et qui nous signale que les chances de troisième cuillerée sont étrangement élevées.

C’est à ce moment-là qu’on réalise qu’on a la bouche pleine de petites boules de pâte. Ce n’est pas désagréable, mais on dirait qu’on aurait espéré un peu de crunchy. Une petite touche de fraîcheur.

Et c’est là qu’on se souvient qu’il y a des épinards, dans cette noce italienne.

On ne se fera pas de cachette; l’épinard EST MORT. Il a sans doute rendu l’âme entre le premier set carré et la danse de la mariée (celle où elle tournaille sur elle-même en se faisant coller des cinq piastres sur la robe).

Italie oblige, on soupçonne fortement la mafia.

Je m’attends presque à trouver une tête de cheval dans le fond de la canne.
— Catherine

I’m gonna make him a boulette he can’t refuse.
— Mathieu Corleone

La viande te frappe alors soudainement le palais en te faisant regretter de ne pas avoir coché le poisson pané ou le suprême de poulet, en répondant au faire-part.

Les boulettes sont petites, assaisonnées avec les larmes d’un chef qui aurait préféré rester à’ maison pour regarder Say yes to the dress et chaque fois que tes molaires en font exploser une, tu te sens coupable. À chaque fois, c’est comme un petit décès; le tien ou celui de la boulette. C’est dur à identifier.

Pas de gâteau trois étages avec un petit couple en plastique dessus. Pas de bouquet de fleurs propulsé hors de la canne quand on l’ouvre, pas d’oncle qui fait des remarques déplacées, pas de curé qui parle trop longtemps… Décidément, cette soupe n’a du mariage que son arrière-goût de déception et de rancœur refoulées.

La boulette m’a quand même rappelé le festif coup de hanche de Tante Isabella sur le dance floor (après une couple de grappas).
— Catherine

VAS-TU FINIR TON ASSIETTE?

On ne dit pas que tu vas rester jusqu’à la fin de la danse, mais tu vas au moins scèner dans le coin le temps d’attraper le bouquet et de te demander pourquoi le marié est obligé d’enlever une jarretière avec ses dents en public, devant des enfants.

C’est de la soupe en canne correcte, sans plus.

En fin de compte, on est bien content d’être deux et de ne pas rester pris avec des restants. Parce que le mariage, c’est de partager le meilleur et le pire, oui, mais aussi le juste correct. Comme cette soupe.

Deano Clavet, Marco Caliari, Dino Tavarone, de l’argent dans les bas, le bar à pain du Pacini, À la di Stasio et Sylvio Berlusconi
— Mathieu, qui trouvait ça dommage de ne pas avoir pu ploguer tous les clichés italiens.

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